Naissance du réseau routier
L'organisation des premières voies de communication routières a été le fait de l'Administration Française. Avant 1895, Madagascar n'avait de routes que de simples sentiers serpentant, ne répondant à aucune règle. Ils détournaient le moindre obstacle ou alors escaladaient en ligne droite le flanc des collines. Les rivières, à l'époque, se franchissaient à gué, en pirogue ou sur des troncs jetés en travers du lit quand la faible largeur du cours d'eau le permettait. Les techniciens des Travaux Publics, décrivant ces premières routes malgaches dans la Revue de Madagascar du mois de juillet 1949, traitant des "voies de communication à Madagascar", parlent de "sentiers pour piétons".
Le portage à dos d'homme suffisait sans doute aux souverains de l'époque pour développer les échanges commerciaux pensaient les auteurs de l'article, ou alors ceux qui régnaient en ces temps là craignaient que l'existence d'un réseau de voies de communication ne favorisât la pénétration étrangère.
Ce seront pourtant ces étrangers qui, pour des raisons organisationnelles, institueront les premières routes à Madagascar. En 1896, le Corps expéditionnaire débarquant à l'ouest et voulant rejoindre Antananarivo, a posé les premiers jalons de la route reliant Mahajanga à cette ville. Faute de main d'œuvre cependant (les soldats ont dû prendre la pelle), l'aventure se révéla infructueuse.
C'est par les pistes, avec des convois muletiers que les troupes françaises arrivèrent à Antananarivo. Par la suite, cette idée d'une route entre Mahajanga et Antananarivo a été momentanément abandonnée au profit de la voie navigable offerte par la Betsiboka. Bien qu'une section de route entre Andriba et Maevatanana existât, elle devint impraticable dès 1896.
La route de l’est ouvre la voie
Les véritables premiers grands travaux routiers ont commencé à l'est. Un sentier muletier destiné essentiellement à faciliter les échanges commerciaux entre Antananarivo et la côte Est a d'abord été établi entre Mahatsara, sur la rivière Iaroka, prolongement du Canal de Pangalanes, et Antananarivo.
Les travaux de construction d'une route longue de 250 km, partant de Mahatsara et aboutissant à la ceinture d'Antananarivo sur la route circulaire, ont commencé fin 1897. Cette route ayant une largeur de chaussée de 5 mètres entre les deux fossés, un empierrement sur 3 mètres, une déclivité maximale de 8 cm par mètre, et un rayon minimum des courbes de 10 mètres, a été livrée à la circulation en janvier 1901, au bout de trois années de travaux.
Seuls quelques travaux de parachèvement ont été exécutés en 1902 et en 1903. Elle aura coûté à l'époque 14.000.000 de francs. L'ouverture de la voie a permis, par la suite, de développer les échanges économiques en Imerina.
On raconte que si une tonne de marchandises transportée entre Toamasina et Antananarivo nécessitait 1200 francs au début de l'Occupation, le prix du transport a été réduit à 800 francs après l'établissement du sentier muletier, et ne revenait plus qu'à 250 Fmg à l'ouverture de la route. Par la suite, la mise en exploitation de la voie ferrée a beaucoup fait perdre de son importance à cette "route de l'est".
A l’ouest, du nouveau
Parallèlement, en juin 1897, les premiers coups de pioche pour la construction d'une piste praticable entre Maevatanana et Antananarivo ont été effectués. Celle-ci était essentiellement destinée aux voitures légères. Route du corps expéditionnaire à ses débuts, l’axe reliant Majunga à Antananarivo grandit vite en importance, étant un débouché naturel du versant occidental de l'Ile sur le Canal de Mozambique. Sa transformation en route charretière a commencé en avril 1898.
Cette route ouvrant Antananarivo sur l’ouest avait les mêmes caractéristiques que celle de l'est, sauf qu’elle ne fut pas empierrée. Les ingénieurs de l'époque pensaient que 8 mois d'absence de pluies pendant une année permettrait sans dégradation trop sensible, le roulage pendant la belle saison. Ceci leur faisait économiser un empierrement de 350 km, mais leur coûtait assez cher en entretien. La terre battue nécessite d'énormes frais. La construction proprement dite de la route Antananarivo-Mahajanga aura coûté la somme de 3.000.000 de francs.
Le 20 janvier 1901, le Général Galliéni a tracé dans une Instruction le programme des voies de communication à établir. Madagascar étant alors un pays encore neuf, il était assez difficile de déterminer à l'avance les points de desserte prioritaires. Si bien que le programme correspondait plus à des conceptions géométriques qu'à des préoccupations économiques. 99 ans après le tracé de la première route malgache, cette question de priorité se pose toujours.
Extrait du bulletin Lalana n° 001 - Source : Revue de Madagascar n°6 - Juillet 1949